EMDR et mémoire traumatique

Bien qu’il existe chez l’être humain cinq types de mémoire importante, en ce qui concerne le domaine de la victimologie et des syndromes de stress post-traumatique, nous ne nous intéresserons qu’à deux types de mémoire :

La mémoire autobiographique saine

La mémoire autobiographique est également appelée mémoire explicite. Son rôle est de stocker, classer et restituer les souvenirs et les perceptions, sensations, sentiments et pensées qui lui sont associés.

La mémoire émotionnelle traumatique

La mémoire émotionnelle, également appelée mémoire implicite est la résultante des maltraitances et des traumatismes subis dans le passé. C’est cette mémoire traumatique qui est responsable des flashbacks et des réminiscences. Ces derniers font revivre de façon similaire les traumatismes antérieurs qui ont mis en danger l’intégrité physique, matérielle ou psychologique de l’individu ayant subi un drame intense.

Cette mémoire traumatique est hypersensible et hyper-réactive à la moindre situation extérieure. Le moindre percept peut réactiver les engrammes qui ont été encodés au moment de l’expérience traumatique associée au ressenti d’impuissance et de perte de contrôle sur sa propre vie.

En résumé, nous pouvons dire que tant que le psychotraumatisme ou l’état de stress post-traumatique n’est pas désactivé, il fixe le passé, pollue le présent et contamine le futur.

EMDR ET MÉMOIRE TRAUMATIQUE DRAGUIGNAN

De la même façon que nous possédons ces deux formes de mémoire bien distinctes, nous avons trois cerveaux :

  • Le cerveau archaïque, également appelé cerveau reptilien. Ainsi, celui-ci est responsable de notre survie par trois modes de fonctionnement primaires :
    • Attaquer et combattre
    • Fuir et se cacher
    • S’inhiber et se figer (phénomènes de sidération, de déréalisation et de dissociation)
  • Le cerveau émotionnel, également appelé système limbique. Il est composé principalement de l’hypothalamus, de l’amygdale et de l’hippocampe. En outre, son rôle est important et complexe. De façon très schématique et simpliste, comme le cerveau reptilien, il est également programmé en schémas archaïques de survie. Notamment en ce qui concerne les comportements basiques et instinctifs (attaque, fuite, alimentation et reproduction). Ce cerveau limbique lie et associe les mémoires expérientielles aux sentiments et émotions positives ou négatives. Par ailleurs, de ces liaisons neuronales, fruits de toute une histoire personnelle, découleront des choix et des attitudes comportementales de type : compensation et surcompensation, évitement et soumission.
  • Le cerveau nouveau, appelé cortex frontal ou néocortex. C’est le cerveau de la pensée, de la réflexion, de l’anticipation, de l’évaluation et de l’auto-évaluation.

Le célèbre médecin psychiatre, psychologue et hypnothérapeute Pierre JANET (1859 – 1947) est à l’origine du terme de subconscient et de sa théorisation. De plus, il est le découvreur et l’explorateur des troubles dissociatifs. C’est notamment en observant certains de ses patients ayant subi des traumatismes psychologiques (abus sexuel, torture, agression, maltraitance infantile, névrose de guerre, etc.) que le Docteur Janet élabora sa théorie de la dissociation psychique.

Il existe trois types de dissociation psychique :

  • La dissociation saine (normale ou hypnotique)
  • La dissociation schizophrénique (pathologique)
  • La dissociation traumatique et psychotraumatique (péri-traumatique)

Définition

La dissociation traumatique est un mécanisme de défense psychologique qui protège l’intégrité mentale mais aussi corporelle contre le sur-stress. Pour désigner cet état, Sigmund Freud préfèrera employer le terme de clivage du moi. En somme, une personne est en état de dissociation psychique quand elle vit une déconnexion partielle ou totale en lien avec un évènement dramatique. Ce phénomène de dissociation lui permet de s’évader du réel. De ne plus ressentir ou d’amoindrir la peur, le dégout ou la douleur. De plus, dans certaines situations extrêmes et dramatiques, le sur-stress a un impact direct sur le système nerveux et le système cardiovasculaire. En définitive, cet impact peut être délétère voire fatal pour l’organisme.

Mécanismes de protection cérébrale

Les processus de distanciation et de coupure dissociative sont des mécanismes archaïques de survie et de protection du cerveau. Ainsi, ils permettent d’une certaine façon de capturer et de neutraliser le sur-stress émotionnel. En effet, quand la tension nerveuse et psychologique ne peut pas être gérée ou intégrée par le néocortex, différents phénomènes peuvent se produire. Parmi ces derniers, on compte les phénomènes de sidération, de déréalisation, d’inhibition de l’action ou d’amnésie traumatique. Lorsque ces phénomènes se produisent, ils peuvent entraîner un encodage et une engrammation du ou des souvenirs traumatiques dans le cerveau limbique et dans la mémoire émotionnelle.

La division de la personnalité suite à un trauma

Suite à un évènement traumatique et à un état de stress intense vécu dans un ressenti d’impuissance, la personnalité se divise en deux parties :

  • Une Partie Apparemment Normale. En psychologie, elle est nommée  PAN.
  • Une Partie Émotionnelle, qui porte le souvenir du fardeau traumatique et de tous les engrammes qui le constituent. En psychologie, elle est nommée  PE.

La dissociation et le clivage de la personnalité surviennent quand nous ne pouvons faire face à une situation de danger extrême. Alors, une mise à distance immédiate de la charge émotionnelle s’impose pour le maintien de l’équilibre psychique, voire même de la survie physique de l’individu.

Parmi les phénomènes de dissociation psychique, il existe la perte totale ou partielle du souvenir de la scène traumatisante (amnésie traumatique). De plus, son contraire peut également se produire : la présence obsessionnelle du souvenir traumatique. Ainsi, ce dernier prend la forme de flashbacks et de réminiscences (hypermnésie). De même, sur le plan émotionnel, suite à un psycho-trauma il peut y avoir une dissociation psychique. Cette dissociation se traduit par une anesthésie des émotions ou au contraire un débordement ou une hyper sensibilité émotionnelle.

Les phénomènes de détresse et de dissociations péri-traumatiques surgissent immédiatement ou juste après le choc psychologique. Contrairement aux troubles du stress post-traumatique, qui apparaissent après un évènement déstabilisant, violent et insécurisant.

Parmi les phénomènes dissociatifs, il existe également les symptômes de conversion somatique. Ainsi, la modification de la conscience s’exprime à travers le corps par des symptômes dissociatifs. Ces derniers comprennent la dysmorphie corporelle, les douleurs psychosomatiques et la paralysie. L’origine de ces maux prend racine dans un psychotraumatisme.

L’EMDR et le modèle TAI (Traitement Adaptatif de l’Information) ont été mis au point par le Docteur Francine Shapiro. Ces derniers aident, par la stimulation bilatérale, à retraiter les traces amnésiques douloureuses et les émotions perturbantes. La stimulation bilatérale fait recours aux techniques de mouvements oculaires, de tapping ou de sons alternés. Ainsi, l’objectif de ces traitements est d’épurer et transférer les traces amnésiques de la mémoire émotionnelle implicite à la mémoire rationnelle explicite.

Par ailleurs, le processus psychothérapeutique EMDR est apparenté aux REM (Rapid Eye Mouvement). Les REM se produisent notamment durant la phase paradoxale du sommeil. La technique EMDR est actuellement une des psychothérapies qui cumule le plus de recherches et de validations scientifiques sur le plan international. De plus, elle est actuellement une des méthodes de psychologie clinique les plus utilisées par les psychothérapeutes, les psychanalystes et les psychologues cliniciens de par le monde.