LA PSYCHOTHÉRAPIE MULTIRÉFÉRENTIELLE
« Il n’y a pas une recette de vie qui convient à tous les cas. » CG JUNG
Il existe différentes professions dans le domaine de la psychologie : psychologie sociale, psychologie clinique, psychologie cognitive, psychologie du travail, psychologie de l’enfant, psychologie du sport, psychologie gérontologique, neuropsychologie, etc. De même, il existe dans le champ de la psychothérapie un certain nombre de pratiques et de processus de changement, parfois très proches et parfois très dissemblables. Ces approches psychologiques et psychothérapeutiques sont fréquemment classées en 4 grandes familles. Pour ma part, je rajouterais une 5ème méthode de référence plus récente : la psychothérapie multiréférentielle, dénommée également psychothérapie intégrative (voir dernier paragraphe en fin d’article).
Les 5 méthodes de référence en psychothérapie sont les suivantes :
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L’approche psychanalytique
Ce modèle théorique et pratique a été inventé par le célèbre Docteur Sigmund Freud qui le nomma : Psychanalyse. Freud découvrit l’existence d’une partie indépendante et dynamique dans le psychisme humain qu’il appela : Inconscient. Cette découverte est contestée à la fois par certains professionnels de la psychothérapie, mais aussi par les spécialistes du yoga et de la philosophie hindou et védique. Pour ces derniers, l’inconscient est décrit depuis des millénaires sous les termes de Samskaras et de Vasanas.
Le postulat de base de la psychanalyse et des approches psychodynamiques est que généralement les souffrances et les problèmes que nous rencontrons dans notre vie présente sont dus au refoulement des pulsions et à son corollaire les conflits intrapsychiques, liés au passé et plus particulièrement à l’enfance, à la petite enfance, à la naissance ou même parfois à la vie intra-utérine.
La psychanalyse est une technique psychothérapeutique où la mentalisation, la verbalisation, la libre association d’idées et l’analyse des rêves, des actes manqués et du transfert sont les principaux outils et vecteurs de changement.
L’évolution de la psychanalyse et son impact
La méthode freudienne s’est peu à peu enrichie grâce à l’apport des disciples de Freud les plus proches, les plus passionnés et les plus inspirés. On retrouveparmi ceux-ci Carl Gustav Jung, Wilhelm Reich, Alfred Adler, Sandor Ferenczi, Otto Rank, Roberto Assagioli, Ernest Jones, Karl Abraham, Paul Federn, Érik Érikson, etc. Une partie de ses disciples créeront à leur tour leur propre technique et système théorique.
De la psychanalyse, naîtront également les psychothérapies à tendance analytique. Elles s’appuient sur le même fondement théorique, mais le cadre est moins strict. Après la mort du docteur Freud, de nouvelles grandes figures de la psychanalyse ont émergé dans les pays occidentaux. En Angleterre, on retrouve Mélanie Klein, Donald Winnicott et Michaël Balint. Aux USA, Bruno Bettelheim, Franz Alexander, Otto Kernberg et Érich Fromm. En France, Jacques Lacan, Françoise Dolto, Marie Bonaparte, Daniel Lagache, Jean-Bertrand Pontalis, André Green, Sacha Nacht, Jean Bergeret, François Roustan, etc.
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L’approche Humaniste
La psychologie humaniste est un courant théorique et pratique qui s’est constitué en réaction à la psychanalyse et au béhaviorisme, à partir des années cinquante. Les principaux initiateurs et concepteurs de la psychologie humaniste sont les psychologues Abraham Maslow, Alfred Adler, Otto Rank, Clark Moustakas, Carl Rogers, Rollo May, Érich Fromm et Victor Frankl.
Les notions clés de cette approche sont l’authenticité, la positivité, la créativité, la liberté de choix, la libre expression. On retrouve également la responsabilité, la congruence, le développement du potentiel humain et la réalisation de soi. La philosophie de la psychologie humaniste est basée sur une vision positive et optimiste de l’être humain, vu comme intrinsèquement bon. En psychothérapie humaniste, la recherche du sens de la vie, l’accomplissement personnel et l’épanouissement de soi sont des notions importantes.
Dans ce mode d’accompagnement, l’acceptation inconditionnelle de la personne, avec toutes ses dimensions, est un aspect important du processus thérapeutique. Ces dimensions incluent la corporelle, l’émotionnelle, la psychologique, la sociologique et la spirituelle. Le postulat de base de la psychologie humaniste est que tous les êtres humains sont différents les uns des autres. Ils sont fondamentales bons, s’ils ne subissent pas de la violence ou des mauvais conditionnements. Ils ont un immense potentiel intérieur, qu’ils se doivent de développer, afin de faire émerger leurs ressources et leur créativité.
Les principales méthodes issues de la psychologie humaniste sont :
- L’Approche Centrée sur la Personne (Carl Rogers)
- L’Analyse Transactionnelle (Éric Berne)
- La Gestalt-thérapie (Fritz Perls)
- La Programmation Neurolinguistique (Grinder et Bandler)
- L’Analyse bio-énergétique (Alexander Lowen)
- La Rebirth-thérapie (Léonard Orr)
- La Respiration holotropique (Stanislav Grof)
- La Logothérapie (Victor Frankl)
- Le psychodrame (Jacob Moreno)
- La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
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L’approche systémique
Fondation et développement de l’approche systémique
Ce modèle de thérapie s’est constitué et développé aux USA, suite aux conférences de Macy ayant eu lieu à New-York entre 1946 et 1953. Ces rencontres réunissaient une trentaine de spécialistes de différentes professions complémentaires. Leur but était de créer une nouvelle science basée sur le fonctionnement de l’esprit humain.
Grâce à l’un des participants à ces fameuses conférences de Macy, l’anthropologue Grégory Bateson, la célèbre école de Palo Alto en Californie vit le jour en 1953. Pour réaliser son projet, Grégory Bateson fut accompagné dans sa réalisation par de brillants professionnels de la psychologie. Parmi ceux-ci, on retrouve Don Jackson, Jay Haley, Richard Fisch, John Weakland et Paul Watzawick. L’école de Palo Alto s’est spécialisée dans la psychologie et la psychosociologie, et plus particulièrement dans l’étude des systèmes, des relations et de la communication.
En 1959, dans cette même ville américaine de Palo Alto, Don Jackson et Virginia Satir fondèrent le Mental Research Institut (MRI). Ceci permit de compléter la théorie et la pratique de la psychothérapie systémique, notamment par la création des thérapies familiales. Le célèbre psychothérapeute et hypnothérapeute Milton Erickson, sans jamais véritablement faire partie de l’école de Palo Alto et du MRI a enrichi cette nouvelle dynamique, grâce à son génie et son immense créativité.
Principes et applications de la thérapie systémique
Le concept de base de l’approche systémique est le signifiant Système. Un système est un certain nombre de personnes ou d’éléments en relation et en interactions les uns avec les autres. Chaque système est composé de sous-systèmes. Les professionnels du courant systémique ont une vision des individus comme étant des systèmes en interrelation avec des ensembles plus vastes. Par exemple : le système familial, groupal, entrepreneurial, institutionnel et aussi transgénérationnel. Un des principes essentiels de la thérapie systémique est que l’environnement joue un rôle déterminant sur les individus.
L’approche systémique se base sur des postulats tels que « on ne peut pas ne pas communiquer», « on ne peut pas ne pas manipuler » ou encore «le problème est la solution». Cette phase laconique « le problème c’est la solution » signifie que, dans les conflits interrelationnels qui ne se règlent pas et qui perdurent, la solution proposée n’est qu’une tentative de solution, qui ne fait qu’aggraver le problème.
Courants et méthodes dérivés de l’approche systémique
Dans sa pratique, le professionnel de l’approche systémique se focalise sur la communication et l’interaction entre les membres d’un couple ou d’un groupe. Les systémiciens (psychothérapeutes pratiquant la méthode systémique) ont pour objectif d’analyser les différents types de communications et de transactions relationnelles. De plus, ils ont pour but de libérer les individus d’une redondance (interactions répétitives) en les aidant à changer de points de vue.
Le but des thérapies systémiques est également de libérer les gens des phénomènes de double contrainte (double bind) dans lesquels ils sont coincés. L’objectif est d’introduire de la nouveauté pour créer des changements. Les changements de niveau 1 concernent les modifications sur le plan des comportements. D’autre part, les changements de niveau 2 concernent les modifications sur le plan des représentations psychologiques et mentales.
La communication pathologique de type double contrainte a été observée, étudiée et analysée par Grégory Bateson à l’école de Palo Alto. Il s’agit d’une situation où celui qui est en position de force et de dominance déstabilise l’autre et le coince entre deux messages ou deux injonctions contradictoires. Ceci créer une relation bourreau/victime et gagnant-perdant. Une personne qui est régulièrement soumise à des doubles contraintes accumule beaucoup de stress et risque de souffrir tôt ou tard de perturbations émotionnelles, plus ou moins graves.
Voici un mini lexique de la thérapie systémique : logique de la communication, système ouvert, redondance, injonction paradoxale, recadrage thérapeutique, prescription de tâche, double contrainte, génogramme familial, blason thérapeutique, principe de totalité, principe d’homéostasie, principe d’équifinalité, etc.
Il existe différents courants dans les psychothérapies systémiques dont les plus connus sont :
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- L’approche stratégique
- L’approche structurale
- L’approche contextuelle
- L’approche constructiviste
- L’approche communicationnelle
- L’approche systémique individuelle
- Les constellations familiales systémiques
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L’approche cognitivo-comportementale
La thérapie cognitivo-comportementale, simplifiée sous le vocable de TCC, est une psychothérapie de courte durée. Elle bénéficie à la fois de toutes les recherches en psychologie comportementale, ainsi qu’en psychologie cognitive. Cette approche s’est élaborée en 3 temps :
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Le béhaviorisme (comportementalisme)
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Le père de la psychologie comportementale est John Watson. Il s’inscrit dans la continuité des travaux du scientifique Russe Ivan Pavlov sur les reflexes conditionnés et les phénomènes de stimuli / réponses. Watson avait pour objectif de faire de la psychologie une science objective basée sur l’observation des comportements. Il s’intéressa beaucoup aux mécanismes de l’apprentissage. Ses recherches furent enrichies et approfondies par les travaux de l’un des plus célèbres behavioristes, le psychologue américain Burrhus Skinner. Ce dernier est notamment à l’origine des concepts de boîte noire, de conditionnement opérant et de renforcement positif ou négatif.
Le comportementalisme ne s’occupe pas des processus mentaux. Il se base sur l’hypothèse que les humains et les animaux sont le résultat de leur environnement et de leurs conditionnements. Les thérapies comportementales se font en 3 étapes :
- L’exposition graduée à la situation problématique
- La désensibilisation et l’apprentissage de nouvelles compétences
- La réalisation de l’objectif thérapeutique et la résolution du problème ou du symptôme
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La psychologie cognitive
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Contrairement à la psychologie comportementale, la psychologie cognitive est basée sur l’étude des processus mentaux. Ces derniers sont constitués par la mémoire, le raisonnement, l’apprentissage, le traitement de l’information, le langage, la perception, etc. Dans son évolution et son développement, la psychologie cognitive a peu à peu intégré la recherche, la compréhension et l’intégration des émotions dans son système, supprimant la barrière ou l’opposition, raison/émotion. Auparavant appelée psychologie expérimentale, elle s’appuie à la fois sur une logique scientifique et empirique. Son objectif est d’investiguer les processus psychiques et cérébraux. Ces derniers permettent d’apprendre, de comprendre, de mémoriser, de se repérer, de s’orienter et d’interpréter le monde qui nous environne, afin de pouvoir prendre les meilleures décisions et actions pour notre vie et notre survie.
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La thérapie cognitivo-comportementale
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Comme exprimé précédemment, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est la synthèse des travaux de la psychologie comportementale et de la psychologie cognitive. Au début des années 1990, ces 2 types de psychothérapie ont été rassemblés pour créer une méthode globale plus efficiente. Celle-ci est nommée thérapie cognitivo-comportementale. Les principales étapes et leviers de transformation dans la TCC sont :
- L’identification des pensées automatiques angoissantes et irrationnelles, générant des émotions négatives et perturbantes.
- L’apprentissage de la relaxation et de la respiration profonde, afin de mieux gérer le stress ou de neutraliser les attaques de panique.
- L’exposition graduée aux situations problématiques anxiogènes ou phobiques. Ceci permet de créer peu à peu un phénomène de désensibilisation qui favorise la disparition des inhibitions ou des comportements d’évitement.
- La restructuration cognitive. En effet, le but est d’apporter des changements sur le plan mental et comportemental. Ceci est réalisé en modifiant les pensées négatives et les croyances limitantes par des pensées positives et des croyances rassurantes.
- La prescription de tâches spécifiques afin de favoriser l’apprentissage de nouveaux modes de comportements plus sains et plus adaptés.
Par la suite, après le début des années 2000, la thérapie cognitivo-comportementale a élargi son arsenal thérapeutique. Elle inclut les notions d’implication émotionnelle et la flexibilité psychologique de Steven Hayes. Elle comprend également la thérapie et la méditation de la pleine conscience de John Kabat-Zinn. Finalement, la thérapie d’acceptation et d’engagement de Robert Zettle en fait également partie.
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L’approche multiréférentielle
L’approche multiréférentielle et intégrative est un nouveau modèle qui est à la fois le résultat d’un processus de sérendipité et de créativité. On pourrait la qualifier de psychologie holistique. La psychothérapie multiréférentielle (PMR) intègre et synthétise différentes théories et pratiques. Ces dernières sont issues d’un ensemble constitué des 4 grands courants de psychologie évoqués précédemment :
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- La psychanalyse
- La psychologie humaniste
- La psychologie comportementale et la psychologie cognitive
- La psychologie systémique
Cette nouvelle approche globale transcende le modèle spécifique de chacune de ses 4 écoles. Elle a une vision théorique et pratique complémentaire et non opposée à celles-ci. La PMR se caractérise par un vaste panel de techniques et d’interventions thérapeutiques. Ces dernières peuvent être cependant différentes d’un professionnel à l’autre. Certains psychologues ou psychothérapeutes vont utiliser la psychanalyse, la psychothérapie cognitivo-comportementale, l’approche systémique et l’EMDR. Cependant, d’autres vont avoir comme outils et comme référentiel la psychanalyse, la psychologie humaniste, l’analyse bioénergétique, l’analyse transactionnelle, la gestalt-thérapie ou l’hypnose thérapeutique.
Cette nouvelle approche multiréférentielle demande aux professionnels de la psychothérapie un approfondissement et un élargissement de leurs études. En effet, elle requiert également une bonne connaissance de la quintessence des postulats de base des 4 grandes écoles de psychologie. La PMR a pour avantage d’élargir le champ des possibles dans le domaine des psychothérapies. Elle construit également une thérapie sur mesure, pleinement adaptée aux besoins et aux systèmes de référence des patients. Ainsi, les professionnels de la thérapie multiréférentielle et intégrative accueillent leurs patients dans le cadre thérapeutique avec toutes leurs dimensions. Ces dimensions sont : humaine, psychologique, sociologique, systémique, comportementale, langagière, corporelle, émotionnelle, culturelle et spirituelle.
Si vous voulez avoir plus de renseignements sur la psychothérapie multiréférentielle et intégrative, vous pouvez me téléphoner au 06 13 28 12 56.